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 La culture blouson noir
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galoupia
  Posté le 31/08/2013 @ 22:13 
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Astucien

il y a quant même à faire du trie dans l'article

Les blousons noirs sont une sous-culture juvénile apparue en France dans les années 1950 et qui a connu son apogée entre 1958 et 1961. Issue de l'influence américaine, connotée à un code vestimentaire particulier et au rock'n roll, elle a été la matrice originelle du mouvement yéyé et de quasiment toutes les modes adolescentes ultérieures. Des sous-cultures similaires ont fleuri au même moment dans d'autres pays d'Europe.

La culture « blouson noir » s'est cristallisée autour d'importations américaines qui ont été autant de chocs culturels :

Le film L'Équipée sauvage (The Wild One), sorti en 1953 aux États-Unis mais popularisé courant 1955 en Europe, où le personnage interprété par Marlon Brando révèle d'un coup une façon d'être qui fait époque : cuir noir, moto, machisme, volonté de choquer, esprit de gang, violence à la limite de la criminalité.
Un autre film, La Fureur de vivre (Rebel Without a Cause) arrive en 1956 en France et fait de James Dean une icône définitive. Il introduit l'idée importante que le comportement des (futurs) blousons noirs n'est pas seulement un choix délibéré mais procède d'une fatalité générationnelle et de l'incompréhension des adultes.
L'arrivée au même moment du rock'n roll (Bill Haley et Elvis Presley en premier lieu, puis Gene Vincent, Eddie Cochran etc.) ajoute le son à l'image. Mais c'est une chanteuse française a priori non associée au rock'n roll qui apporte en 1956 une énorme visibilité médiatique au phénomène en formation, Édith Piaf, avec la chanson L'Homme à la moto, indirectement inspirée par L'Équipée sauvage.
C'est durant l'été 1959 que l'appellation « blousons noirs » apparaît pour la première fois dans la presse, avec un article de France-Soir du 27 juillet 1959 relatant un affrontement entre bandes survenu au Square Saint-Lambert, dans le XVe arrondissement de Paris[1]. Cette désignation s'impose soudain comme synonyme de « jeunes voyous ». Les journaux se mettent alors à surenchérir en évoquant des bandes caractérisées par leur taille importante (il est question de groupes comptant jusqu'à une centaine de jeunes) et par leur violence. Les « blousons noirs » sont décrits comme des asociaux qui se battent à coups de chaînes de vélo (ou de moto), de coups de poing américains voire de couteaux à cran d'arrêt, qui cherchent la bagarre pour défendre leurs territoires urbains, particulièrement autour des portes de Paris, ou en faisant des descentes dans des bals ou des fêtes.

Peu après, les journalistes forgèrent le terme « blousons dorés » pour désigner les jeunes fils de la bourgeoisie qui se faisaient remarquer dans les faits divers, par opposition aux « blousons noirs » qui étaient plutôt issus de milieux populaires.

Cette campagne de presse, qui tourne à la psychose collective, aura pour principal effet de mettre en vogue le genre blouson noir. Autour de 1960, dans tout le pays et dans tous les milieux sociaux, les jeunes gens à la mode aiment à s'habiller de cuir (mais le véritable Perfecto est encore rarissime), portent de grosses chemises à carreaux, se coiffent en arrière avec au sommet du front une large boucle asymétrique souvent brillantinée (la célèbre « banane »). À défaut d'une véritable moto, luxe accessible seulement aux plus fortunés, on roule sur des cyclomoteurs qui en ont à peu près l'aspect, de préférence une Flandria ou une Paloma, une mobylette à la rigueur. La petite délinquance est répandue dans ce milieu, sans être généralisée. Mais afin de choquer, les blousons noirs (qui se nomment eux-mêmes « loulous ») affectent de jouer les durs et de parler des argots empruntés au monde des truands.

Ce milieu fournit la base sociale qui sera le marché initial du rock français. Il trouve ses héros en Johnny Hallyday, Eddy Mitchell et spécialement Vince Taylor, avant que la vague yéyé ne relègue au second plan les blousons noirs, à partir de 1963, le tournant a lieu le 22 juin 1963, lors de la « folle nuit de la Nation » : un concert gratuit organisé par Salut les Copains à Paris sur la Place de la Nation attire une immense foule, des incidents graves ont lieu, attribués (à tort ou à raison) à des bandes de blousons noirs. La scène yéyé prend définitivement ses distances avec ces derniers.

Les sociologues qui se penchaient alors sur les origines du problème de la délinquance juvénile évoquaient un conflit de génération ou une révolte contre l'ordre établi, avant d'avancer des facteurs économiques.

La thèse la plus courante suggère que les jeunes de tous les pays ayant connu les privations de l'après-guerre se sont lancés à corps perdu dans la recherche de la liberté et le plaisir, voulant jouir immédiatement des biens que la société de consommations leur proposait: musique, moto ou mode. Mais pas assez riche pour pouvoir se les procurer et s'apercevant que la société n'était pas disposée à modifier ses habitudes, ni à ne leur faire aucune concession, ils se révoltèrent et leur enthousiasme se transforma en violence.
D'autres enquêtes au début des années soixante contestent cette thèse en soulignant l'importance de l'urbanisation dans le malaise des jeunes en mettant l'accent sur la concentration de grands ensembles immobiliers dans les villes véritables fabrique de blousons noirs.
"Les cités industrielles sont surtout pathogènes parce qu'elles favorisent les rassemblements de jeunes gens sur un territoire restreint " (109)
Effectivement, les bandes urbaines profilent surtout dans les quartiers abritant des grands immeubles collectifs type HLM ou des groupes d'habitations à bon marché souvent insalubre. Si les blocs HLM marquent un progrès certain par rapport au taudis, l'essentiel y manque trop souvent. La plus part du temps, il n'y a ni jardins, ni espace, ni équipement sportif sans parler de l'absence totale de distraction. Les enfants et les adolescents ont le sentiment d'être en cage et la rue les attire comme un refuge mauvais.
"On ne sait pas quoi faire, racontent des adolescents. Alors on se retrouve et on s'ennuie ensemble "

Parmi les autres facteurs on évoque souvent la carence d'autorité, mais c'est surtout dans la carence du milieu familial qu'il faut rechercher l'origine du drame des blousons noirs ; famille désagrégée, séparations ou divorces, alcoolisme du père.
Pour Henri Joubrel ; la dissociation familiale est la cause essentielle de la conduite asociale d'un nombre grandissant de jeune. Les statistiques montrent que 80 % des jeunes inadaptés sociaux dont on connaît suffisamment l'histoire pour en établir un dossier approfondi sortent d'un foyer dissocié. (111)

Au foyer, ils se sentent mal aimés, les gosses souhaitent la chaleur, ils trouvent le chaos
" Un soir en rentrant chez ma mère elle m'a virée, elle avait un jules " raconte Momo de la bande des Batignolles, après avoir traîné quelques jours dans les rues, le tribunal lui trouvera une famille d'accueil. (112)
" A quatorze ans, je suis parti travailler. Plâtrier. Pourquoi ? Parce que mon père boit et ma mère aussi ". écrit Jean dans Rallye Jeunesse (113)
Ce qui fait dire à un éducateur lyonnais :
" Ce qui déboussole souvent les jeunes, c'est l'impossibilité de prendre leur père pour modèle"
(114)
Si la société cherche les causes du mal dont souffre la jeunesse un autre facteur souvent négligé réside certainement dans le fait qu'ils sont victime de l'incompréhension des adultes. L'emblématique film " La Fureur de Vivre " évoquait déjà ces relations difficiles entre parents et enfant. A la question "mentez--vous à vos parents" posé par un journaliste qui enquête pour un hebdomadaire sur les problèmes de la jeunesse, des jeunes répondent :
" On ne ment pas, on ne parle pas ".
Puis lorsqu'il leur demande : " Que leur reprochez-vous ? ",
ils répondent: " Ils font vraiment une trop sale gueule à table ! " 58 (47)
Dans la même logique , une jeune fille, Raymonde écrit à Rallye Jeunesse
" Ce dont on souffre, c'est de l'ambiance familiale, du manque de vérité, de l'injustice de ce que nous appelons la "vague des croulants" " (116)

Dans le conflit adultes jeunes, on assiste même à des faits incroyables comme histoire révélé par l'Humanité ou des jeunes émules des blousons noirs qui pétaradaient la nuit en scooter troublant le sommeil des citoyens de deux patelins ont été tondues par quelques habitants.
" La tête base, le crâne soigneusement tondu, suivant leur chef de fil qui de surcroît avait été dépouillé de son pantalon, plusieurs jeunes gens ont et promené dans les rues de Charly et de Vernaison près de Lyon sous l'œil marqué de la population… " (117)
109 « Les blousons noirs : une société primitive ? » - H.Michel (Directeur du centre de Vaucresson) – J.Selosse (Chargé de recherche au CNRS), In Sciences Avenir N°211, septembre 1964.
110 – « Les blousons noirs : une société primitive ? »
111 – « Mauvais garçons de bonnes familles » Henri Joubrel, Aubier, Editions Montaigne,1959
112 – « Square des Batignoles », Cinq colonnes à la une, 04/11/1960
113 - « Vous avez la parole », in Rallye Jeunesse N°11, février 1960.
114 – « Les garçons sauvage, le blouson noir, une provocateur mais aussi un mal aimé » Le Progrès de Lyon,09/12/1962
115 - "Mauvais garçons de bonnes familles" Henri Joubrel
116 – « Vous avez la parole », in Rallye Jeunesse N°11, février 1960
117 – « Tondeuse pour porteur de blousons », L’humanité, 21 juillet 1961
© pour le texte !

Si la bande est sociale dans sa structure, elle est par contre anti -sociale par son activité et par sa fonction. Si à l'origine elle ne semble pas se constituer dans un but délinquant, la bande est perçue sous cette forme par la police et la société. En réalité beaucoup de jeunes blousons noirs adoptaient uniquement un mode de comportement sans verser dans la délinquance mais s'exposaient de part ce fait à la réprobation sociale et à la répression. La plupart du temps les actes délictueux ne sont pas prémédités et sont commis dans l'inconscience la plus complète. On cherche surtout à réaliser un coup pour se valoriser sans vraiment se rendre compte de la gravité du délit.
" Ils ne se préoccupent pas exagérément des ennuis qu'ils ont eux avec la justice et ne s'inquiètent pas à l'idée d'avoir un casier judiciaire "(93)
Les Coeurs verts Edouard Luntz (cahiers du cinéma)

Les deux tiers des délits reprochés aux adolescents délinquants sont commis contre la propriété, dont les formes essentielles sont : le vol, les délits visant les deux roues et les actes de vandalisme.
Exemple type de l'activité d'une bande ; celle d'Arpajon dont la police a arrêté le mois de décembre 1959 une vingtaine de membres. Ces garçons âgés de 14 à 18 ans qui suivaient la plupart des cours professionnels dans la région parisienne, se réunissaient chaque jour sur le pont de l'Orge pour y préparer leurs "coups".
" Ils essayaient des blousons en plastique noir et se sauvaient sans les payer. Ils chipaient des disques, pour les écouter ou les revendre. Ils volaient des scooters et des voitures qu'ils abandonnaient hors d'usage. Ils faisaient main basse sur le contenu des autos en stationnement. Ils crevaient les pneus, allumaient des incendies ". (94)
Des adolescents par manque d'argent de poche pratiquent le vol à la tire et certain n'hésitent pas à faire les sacs des veilles dame. Le vol à l'étalage sert des fois pour l'alimentation des surboums. Le vol a parfois l'aspect d'un jeu, d'un défi lancé aux règles sociales.
Les objets volés sont souvent considérés comme des trophées et planqués dans des repaires. C'était le cas pour une bande de Nancy dont les exploits consistaient à voler les objets les plus hétéroclites au cours de cambriolage pour les tenir stockés dans une cave. Le chef de la bande âgé de 16 ans n'a pas hésité à tirer avec une carabine sur les inspecteurs de police venue les arrêter. Ce qui vaudra les assises à trois mineurs. Dans la même région à Charleville, un groupe de six mineurs de 14 et 15 ans connus sous le nom de " La bande des blousons verts " dirigé par un garçon de 20 ans commet 24 vols et cambriolages, le plus souvent la nuit, par effraction. (95)
Dans la région bordelaise chaque membre du gang des As avait son casier dans le garage abandonné qui leur servait de Q.G. on y trouvait les objets les plus hétéroclites, sous-vêtements féminins, couteaux, fer à repasser, boîtes de conserve, appareils photos, jouets, chapelets, rasoirs, statue religieuse etc. Leurs plus beaux trophées; une plaque minéralogique de car de Police Secours qu'ils conservaient jalousement dans leur repaire (96)
Certaines bandes étaient spécialisées dans le casse, lors d'un interrogatoire un jeune raconte avec cynisme ses exploits :
" En pleine nuit, quand nos parents dormaient, on se sauvait et on se retrouvait là... Là, on buvait pour se donner du courage, on s'habillait, on emportait la matraque, et on y allait. On s'habillait tous pareil, avec un masque, pour ne pas être reconnus. Ca commençait par les vitrines des petites veilles. On fait le coup en quelques secondes, à grands coups de matraques. On se donne même pas la peine de voler, ça ne nous intéresse pas... juste une bricole en guise de souvenir. Après le casse on se sauvait en vitesse par des ruelles d'où on n'avait rien pu entendre. On revenait fêter ça et on allait se coucher " (97)


La forme la plus significative de la délinquance au tournant de la décennie est sans conteste le vol d'engins motorisés. La possession d'un tel engin est un symbole indéniable de virilité, de prestige (on compare souvent le deux roues au cheval du cow-boy). On l'emprunte pour tomber les filles ou pour s'amuser et s'exalter.
" On fonce la nuit en scooter sur les boulevards de ceinture jusqu'à épuisement de l'essence, le jour on fait peur aux passants sur les trottoirs "
Le plus souvent, après un emprunt à but ludique ou utilitaire, le véhicule est abandonné.
" Son usage répond à un besoin actualisé (retour tardif, fugue, infraction en vue, ou simple promenade le plus souvent) ; le besoin satisfait, le véhicule est abandonné "
" Il s'agit essentiellement de promenade à but ludique ou utilitaire. Ce n'est pas un vol d'appropriation ; sa dangerosité tient surtout au fait que les jeunes commettent des accidents. " (9
Accessoirement, on revend les pièces détachées ou le moteur d'un engin volé est utilisé pour être gonflé afin de faire des courses.
Pour gagner de la puissance sur leurs Flashs ou Flandria à selle bi-place recouverte de simili-cuir en peau de panthère, les lumières d'admission d'échappement sont limées au maximum, la culasse est rabotée. Le carburateur est remplacé, la pipe d'admission est polie intérieurement. Régulièrement lors de ces courses, il y a des accidents avec souvent de grave séquelle pour le conducteur. Un éducateur chargé d'infiltrer une bande à Pessac près de Bordeaux raconte :
" Le départ a lieu à deux kilomètres de là. Cinquante à soixante petits bolides prennent le départ dans un vacarme incroyable, la plupart ont sortit leur pot d'échappement; L'arrivée se fait à une centaine de mètre de la route du Cap- Ferret, mais pratiquement comme ils doivent freiner après la ligne d'arrivée, les engins sur la lancée les amènent à traverser la route en grillant tous les signaux... " (99)
Si longtemps les deux roues jouaient chez nous le rôle de la voiture outre atlantique, le vol de voiture pris rapidement de l'importance avec l'augmentation du parc automobile. Le parc automobile est ainsi passé de moins de 1,5 millions de véhicules en 1950 à 5 millions en 1960. Ces vols étaient facilités par l'absence de clé de contact sur certaine voiture. Comme pour les deux roues, outre le sentiment de puissance la voiture est empruntée pour se griser de vitesse pendant quelques heures, puis abandonnée. A Paris un jeune qui réussi l'exploit de voler une ambulance était considéré à l'unanimité comme le chef de la bande.

93 - in "Les blousons noirs, page 114 Centre d'étude de la délinquance juvénile, N°14, Cujas, Bruxelles 1966
94 - "Les vieux , qu'ils crèvent !" in Faim &Soif Février 1960
95 - Maître Jean Hocquet, "Forme nouvelles de la délinquance juvénile" conférence 9 janvier 1960, http://juripole
96 - "Le gang des As" un Les Gangs d'Adolescents, pages 79,80 op.cit.
97 - Maître Jean Hocquet, op . cit40
98 - J.Sélosse , Vols et voleurs de véhicules à moteur, Cujas 1965
99 - Yves Charrier,Jacques Ellul, Jeunesse délinquante,des blousons noirs aux hippies, page 151, Mercure de France 1971
La forme la plus significative de la délinquance au tournant de la décennie est sans conteste le vol d'engins motorisés. La possession d'un tel engin est un symbole indéniable de virilité, de prestige (on compare souvent le deux roues au cheval du cow-boy). On l'emprunte pour tomber les filles ou pour s'amuser et s'exalter.
" On fonce la nuit en scooter sur les boulevards de ceinture jusqu'à épuisement de l'essence, le jour on fait peur aux passants sur les trottoirs "
Le plus souvent, après un emprunt à but ludique ou utilitaire, le véhicule est abandonné.
" Son usage répond à un besoin actualisé (retour tardif, fugue, infraction en vue, ou simple promenade le plus souvent) ; le besoin satisfait, le véhicule est abandonné "
" Il s'agit essentiellement de promenade à but ludique ou utilitaire. Ce n'est pas un vol d'appropriation ; sa dangerosité tient surtout au fait que les jeunes commettent des accidents. " (9
Accessoirement, on revend les pièces détachées ou le moteur d'un engin volé est utilisé pour être gonflé afin de faire des courses.
Pour gagner de la puissance sur leurs Flashs ou Flandria à selle bi-place recouverte de simili-cuir en peau de panthère, les lumières d'admission d'échappement sont limées au maximum, la culasse est rabotée. Le carburateur est remplacé, la pipe d'admission est polie intérieurement. Régulièrement lors de ces courses, il y a des accidents avec souvent de grave séquelle pour le conducteur. Un éducateur chargé d'infiltrer une bande à Pessac près de Bordeaux raconte :
" Le départ a lieu à deux kilomètres de là. Cinquante à soixante petits bolides prennent le départ dans un vacarme incroyable, la plupart ont sortit leur pot d'échappement; L'arrivée se fait à une centaine de mètre de la route du Cap- Ferret, mais pratiquement comme ils doivent freiner après la ligne d'arrivée, les engins sur la lancée les amènent à traverser la route en grillant tous les signaux... " (99)
Si longtemps les deux roues jouaient chez nous le rôle de la voiture outre atlantique, le vol de voiture pris rapidement de l'importance avec l'augmentation du parc automobile. Le parc automobile est ainsi passé de moins de 1,5 millions de véhicules en 1950 à 5 millions en 1960. Ces vols étaient facilités par l'absence de clé de contact sur certaine voiture. Comme pour les deux roues, outre le sentiment de puissance la voiture est empruntée pour se griser de vitesse pendant quelques heures, puis abandonnée. A Paris un jeune qui réussi l'exploit de voler une ambulance était considéré à l'unanimité comme le chef de la bande.

93 - in "Les blousons noirs, page 114 Centre d'étude de la délinquance juvénile, N°14, Cujas, Bruxelles 1966
94 - "Les vieux , qu'ils crèvent !" in Faim &Soif Février 1960
95 - Maître Jean Hocquet, "Forme nouvelles de la délinquance juvénile" conférence 9 janvier 1960, http://juripole
96 - "Le gang des As" un Les Gangs d'Adolescents, pages 79,80 op.cit.
97 - Maître Jean Hocquet, op . cit40
98 - J.Sélosse , Vols et voleurs de véhicules à moteur, Cujas 1965
99 - Yves Charrier,Jacques Ellul, Jeunesse délinquante,des blousons noirs aux hippies, page 151, Mercure de France 1971

« LA SOCIETE NOUS AIME PAS, NOUS LES JEUNES ! »
Serge de la bande du Square des Batignolles (Cinq colonnes à la une 1960)
« Ces adolescents effondrés contre les murs, à la manière des cow-boys des westerns le long des cloisons des saloons, sont capables brusquement de lever le cran d'arrêt de leur énergie. Une poussée irrésistible les portes à imiter le Marlo Brando de l'Equipée Sauvage ou le James Dean de la Fureur de vivre"
Henri Joubrel, Jeunesse en danger, Fayard,1960

Les blousons noirs sont un phénomène essentiellement urbain. A Paris chaque porte, chaque quartier prolo possède sa bande. Un article de presse daté de l'été 1959 fait état de six bandes principales à Paris et de 70 autres cliques de moindre importance. (76) Selon la préfecture de police 10000 jeunes fréquentent des bandes dans la capitale. (77)
A l'époque la bande la plus importante de la capitale était celle du Talus capable de regrouper 250 à 300 jeunes le samedi soir. Ceux de la porte de St -Ouen se distinguent par la parfaite maîtrise des diverses langues des voyous. La bande du square des Batignolles et leur chef Pilule sont le sujet d'un reportage de l'émission télé Cinq colonnes à la une en 1960. Tout aussi médiatisée, la bande de la Bastille, forte d'une centaine de membres qui parlait un argot forcé. Une enquête est publiée sur eux l'été 1961 par Christian Magret dans le magazine des têtes couronnées Point de Vue. Le chanteur Moustique membre de ce groupe déclare quelques années plus tard dans un entretien:
" A la fin des années 50, on attaquait un car de flics, on cassait les vitres et on piquait le car pour une virée " (7
La bande du Sactos (Sacré Cœur) tournait aussi autour de la centaine et était protégée par leur curé. Elle était très crainte par les autres bandes. Johnny Hallyday qui faisait partie de la bande du square de la Trinité raconte :
«On jouait les durs. On se battait, mais nous fermions notre gueule lorsque la bande du Sacré-Cœur descendait" (79)
La plupart des bandes se singularisaient en arborant le même signe distinctif, qui allait de la manière de se coiffer, aux différents accessoires ; médailles, voir une tête de mort ou un minuscule couteau retenu au cou par une chaîne, bagues, bracelets ou ceinturons incrustés de pièces de monnaie. Cette singularité se retrouve sur leurs engins à deux roues; mobylettes ou scooters : fanions à tête de mort, hélices en plastique de la même couleur gagnées à la fête foraine. La même décalcomanie collée sur le réservoir ou le garde boue ; photos de Tarzan ou de James Dean, vamp, tête d'indien, trèfle à 4 feuilles. L'accessoire peut donner son nom à la bande, ainsi la bande du Damier d'un port breton arborait un damier sur leurs véhicules.
En 1960, 53 % des jeunes qui fréquentaient les bandes sortaient de familles ouvrières, les fils d'employée représentaient 12%.
A noter que 18 % des effectifs des bandes seraient originaires des milieux sociaux supérieurs.
" La majorité de ces jeunes étaient issue des classes sociales défavorisées bien que la bourgeoisie eut ses blousons dorés. Les bandes constituent une configuration culturelle originale, articulée sur une culture de classe. La culture ouvrière en est le soubassement " (80)
Les adolescents de 15 à 17 ans en constituent le noyau le plus important (53, les plus jeunes de 13 à 14 ans représentent 14,8% des membres et ceux de 18 à 20 ans 18,1 % (81) Les blousons noirs des années 1959-1961 appartiennent à la génération des enfants de la guerre, ceux nées pendant la seconde guerre mondiale entre 1939 et 1945 et dans l'immédiate après guerre.

Les bandes tournent généralement autour de trois noyaux. Le noyau central composé de ceux qui étaient le plus en vue, quatre à cinq personnes souvent confrontées à la délinquance. Puis vient la bande proprement dite formée en moyenne d'une quinzaine à une vingtaine de membres qui cherchaient surtout à se faire remarquer. Le troisième noyau qui pouvait être plus important jusqu'à une centaine de jeunes était composé des sympathisants et des postulants qui formaient le halo de la bande présent lors des grandes occasions comme une bagarre entre bandes rivales. La bande forme un milieu homogène, l'embryon en est la "cour " où les enfants d'un même immeuble vivent et grandissent ensemble. Vers l'âge de 12 ans les enfants de plusieurs cours se groupent dans des lieux de rencontre plus vaste : places ou squares où ils se forment en bande. Dans la bande, les adolescents se retrouvent et ne s'expriment qu'en symbiose avec les autres.
Le dynamisme du groupe est contenu dans ses motivations qui portent le jeune à avoir en face de lui des interlocuteurs qui le comprennent, qui ont les même besoins et les mêmes soucis que lui et ne par conséquent être des adultes qu'ils haïssent.
" Les vieux ont s 'en fout, ils peuvent tous crever” répond spontanément un jeune blouson noir au juge d'instruction qui lui parlait de ses parents (82).

Pour son reportage dans l'Express, Jean Cau demande à Jojo de la bande de la Porte de Vanves. " Pourquoi "les vieux" à ton avis ne vous comprennent pas ? " réponse de Jojo : " Parce que qu'on voit la vie autrement ! " " Qu'est ce que tu veux dire ? " lui demande alors l'écrivain. Le blond répond à sa place : " Ils voudraient qu'on porte des gilets, qu'on ait des pantalons comme ça, qu'on soit comme eux ! " (83)
Ensemble, ils reconnaissent être différents des autres, mais cette différence, paradoxalement se manifeste par le maximum de conformité avec ceux du groupe. C'est pour cela que le vêtement, la coupe de cheveux, le langage ont une telle importance, ils manifestent une singularité collective. Mais si la panoplie marque la rupture avec le monde adulte, elle ne devait pas être usurpée. Il faut être reconnu par ses pairs, il y a des modèles, l'orgueil, l'honneur et l'exploit ont une grande place dans la vie des bandes. L'intégration dans une bande n'est pas une chose facile. La bande est une société tellement fermée qu'y pénétrer est incontestablement une victoire. Elle passe par deux étapes, celle de la reconnaissance puis celle de l'acceptation. Pour être accepté, il y a des rites d'admissions. Le postulant doit faire ses preuves en réalisant divers exploits qui pouvaient aller du combat au cran d'arrêt à la course de mobylettes dans les sens uniques ou sur les " fortifs " (Certains tronçons des fortifications de 1870 subsistaient encore dans la capitale à la fin des années 50 (84). Parmi les autres exploits couramment pratiqués ; se battre avec le chef ou piquer une nana dans une bande ennemie. Ces pratiques sont souvent associées avec le rituel du " frère de sang " Le chef du gang entaille avec son couteau l'avant bras du postulant, puis fait la même estafilade en forme de croix sur celui du dernier rentré dans le groupe. Il maintient leur deux bras ensemble, unis par le mélange de leur sang, les deux "frères" jurent que jamais ils ne trahiront leurs camarades. Une autre caractéristique de la bande est le vif sentiment de propriété vis à vis de son territoire. Elle a ses lieux de réunion, ses cafés et ses cinémas et n'en change pas et ne tolère pas qu'une autre bande vienne empiéter sa zone, sinon c'est la guerre. Le square, mini espace de verdure apparaît l'endroit idéal pour leurs rassemblements. Là, les garçons discutent ensemble, se racontent des histoires de filles ou de taules souvent exagérées. Ils s'échangent des idées, blaguent, s'amusent, se chamaillent entre eux tout en écoutant de la musique sur un transistor. Dans ce lieu, où ils traînent souvent tard le soir les adolescents éprouvent un sentiment de liberté.

La fête foraine est un autre coin qui les attire, et ils aiment se regrouper autour des auto-tamponneuses. Il y règne une certaine ambiance, adossés à la balustrade, ils prennent plaisir à regarder tourner les voitures en écoutant les derniers disques à la mode ou draguer les filles. L'hiver on se met au chaud dans les salles de jeux avec une prédilection pour le flipper. Au Café, ils ne consomment pratiquement pas d'alcool, préférant le diabolo ou le café crème. Paris, connaît l'hiver 1959 la grande vogue du patin à glace. Les patinoires de Saint Didier ou de la " fédé " de Boulogne sont prises d'assaut par des hordes de gamins.
" La fédérale c'est la roue tournante de tous les blousons noirs, on retrouve les copains de tous les quartiers. Il y a des filles, ce n’est pas cher et on s'amuse bien " raconte Pilule chef de la bande des Batignolles (85). Quant au bal, ils y vont très rarement la plupart de ces garçons ne savent pas danser, mais sur place ils aiment bien provoquer des bagarres.
" Le soir d'une fête patronale une quarantaine de jeunes venus de Rouen à scooter, à cyclomoteur ou en taxi, avaient plusieurs fois tenté de pénétrer dans la salle de bal en refusant de payer. L'expulsion par les gendarmes de deux ivrognes leur fournit le prétexte recherché pour passer aux actes de violence. Toute la bande se rua alors sur les représentants de l'ordre et l'un des gendarmes fut roué de coups. Son collègue tira quelques coups en l'air. Ce geste décontenança un temps les agresseurs mais les gendarmes partis, les jeunes gens pénétrèrent en force dans la salle où il brutalisèrent plusieurs danseurs et plusieurs femmes "(86)
Les bandes importantes comportent parfois un tiers de filles. On y trouve souvent des filles garçons qui rêvent d'être des garçons et se conduisent comme tels. Elles revendiquent leur égalité dans les comportements antisociaux et le manifestent notamment par des attitudes de bravades vis à vis de la police lorsque celle-ci intervient. Le journal le Progrès de Lyon raconte le comportement de deux filles membres d'une bande du quartier de Perrache après leur arrestation :
"On reste confondu lorsque l'on sait que ce sont les deux filles qui tinrent tête avec le plus d'aplomb au commissaire et firent preuve d'une inconcevable impolitesse. L'une se contenta de dire : "Je me fous de la police, je me fous de la famille" L'autre, encore plus effronté, n'alla-t-elle pas jusqu'à déclarer : " Parlez moins fort. Vous me faites mal aux oreilles…" (87)

Mais la majorité des adolescentes qui fréquentent les bandes peuvent être classées dans la catégorie des "filles-objets" guère respectée qui servent à l'initiation sexuelle des garçons. Elles vont d'un garçon à l'autre, et prennent une sorte de valeur marchande en se faisant échanger pour trois fois rien! Il y aussi les filles attitrées que possèdent les principaux membres de la bande, qui souvent par prudence sont rarement vues par les autres gars. Les filles participent rarement aux délits, mais en sont les complices indirectes en bénéficiant souvent en forme de cadeaux des produits dérobés. Elles aiment se faire conduire dans des véhicules volés, ce qui donne un certain prestige à l'auteur de l'acte délictueux. La délinquance est souvent un moyen de se poser en homme devant la femme pour obtenir ses faveurs. Si quelques séries B américaines de la fin des années cinquante ont fait des gangs de filles l'un de leurs thèmes favoris. L'existence de quelques bandes féminines en France a été confirmée par certains enquêteurs. Lorsque le journal La Montagne évoque une agression commise par une bande de jeunes filles à Caen, on emploie symboliquement le terme de "jupons noirs" : "Les jupons noirs de Caen rouent de coup un Nord-Africain" (8 On note surtout une délinquance féminine opérée en petit groupe dans les grands magasins. Une fille achète un produit pour occuper la vendeuse, une autre fait le guet, tandis que la troisième vole des vêtements ou des aliments. Comme dans l'histoire du film de Marcel Carné " Terrain Vague " on signale des gangs de garçons dirigés par une fille. Exemple, le gang des As une bande délinquante de la région bordelaise qui avait à sa tête Berthe une gamine de 16 ans. (89)
Terrain Vague
Le rapport au travail du blouson noir est complexe. Le gars qui à l'habitude de vivre en bande n'a pas envie de la quitter pour aller bosser, tandis que celui qui travaille de voir ses copains traîner toute la journée lui donne des mauvaises idées et il s'arrête de travailler. Le marché de l'emploi de l'époque le permettant, on travaille selon l'envie ou la nécessité.
" Si le gars travaille, un moment, pendant une semaine ou un ou deux mois, c'est qu'il a besoin d'argent pour s'habiller, pour manger, pour s'acheter une mobylette. Ou bien c'est qu'il s'est produit un renversement moral: son instinct est devenu faible et sa volonté lui a permis de travailler pendant ce temps là " (90)
" Je travaille quand j'ai besoin de fric. S'il me faut une paire de " groles ", je fais la plonge. Si c'est une nécessité plus grave, je me fais embaucher un mois ou deux dans mon métier" . Raconte Guy 18 ans (91)
Les contrats d'apprentissages sont la plupart du temps des contrats pour la forme. Les patrons en profitent pour mal payer les jeunes, mais ils les font travailler comme des ouvriers adultes. En plus, les jeunes apprentis supportent mal les ordres des chefs d'équipes, de ce fait, ils changent régulièrement de métier. Le plus souvent les jeunes des bandes qui travaillent exercent des métiers sans grande qualification comme: télégraphiste, plombier, graisseur. Des métiers où la main d'œuvre est variable qui leur permet de changer de patron, de lieu de travail à leur guise. Lorsqu'on demande à Moustique le benjamin de la bande de la Bastille qui ambitionne de trouver un boulot " pépère " quel genre de travail il aimerait faire, il répond: " Ben : aide routier, livreur en triporteur ou alors être le fils de taulier, avoir une carte de figurant de cinéma ".(92)

76 – Philippe Macaigne "Quelques réflexions sur la présentation de la presse écrite des "blousons noirs", in Annales de Vaucresson, N° 2,1964
77 - C.Freinet, « La formation de l’enfance et de la jeunesse », Edition l’école moderne, 1960
78 - Interview Moustique par Christian Victor in Juxe-Box Magazine N° 86, novembre 1994
79 - Interview Johnny Hallyday par Jacques Barsamian in Juke Box Magazine N° 42, novembre 1990
80 - Jean Charles Lagrée in "Les jeunes chantent leurs cultures", page 19,L’Harmattan , 1982
81 - Rapport annuel de l’Education surveillé pour 1960 in "Les bandes d’adolescents","Les classes d'age" page 3 Philippe Robert, Pierre Lascoumes Les éditions ouvrières,Paris 1974
82 - "Les vieux ? qu'ils crèvent ! « Le mal de la jeunesse » ,in Faim & Soif N°33, 7/02/1960
83 - Jean Cau, Les gosses révoltés, l'Express 30 juillet 1959
84 - Long Chris "Johnny", page 17,J'ai Lu N°2380,
85 - "Square des Batignoles" Reportage de Pierre Dumayet, Cinq colonnes à la une,4/11/1960
86 - « Quand la jeunesse faisait peur », Laurent Mucchielli, chercheur au CNRS
87 - "Des blousons noirs sont surpris dans leur repaire par les policier" in Le Progrès de Lyon, 22 mai 1962
88 - La Montagne, 18 juin 1960, Claire Bacher 3Le phénomème bmousons noirs vu par la presse Maitrise faculté de Clermont Ferrant 2000
89 -Philippe Parrot, Monique Gueneau "Le gang des As" in "Les gangs d’adolescents",PUF,1959
90 - in "Cri d'appel d'un blouson noir", page 47, Fayard, 1962
91 - In “tribune libre des jeunes” Cinémonde 16/10/62
92 - in "Les Blousons

Blousons noirs. Soixante ans après, l’expression a gardé toute sa force évocatrice, porteuse d’une mythologie cuir mêlant violence et rock’n’roll naissant sur fond de désœuvrement et de misère sociale (ça ne vous rappelle rien ?). Le festival Filmer la musique, que Poptronics suit quotidiennement, y consacre une journée entière avec deux films, une séance de documents d’actualité d’époque et un concert de Magnetix en clôture au Point Ephémère.


1955, « Graine de violence » (« Blackboard Jungle ») sort au cinéma. C’est l’émeute : la jeunesse française découvre en même temps les déhanchements de Presley et le « Rock Around The Clock » de Bill Haley. Les choses ne seront plus tout à fait pareilles : le rock’n’roll vient d’entrer dans la culture populaire hexagonale. Et avec lui, ceux qu’on appelle encore les « tricheurs », d’après le titre du film de Marcel Carné qui sort en 1958, ces jeunes banlieusards des cités qui sortent de terre. Il y a déjà eu quelques gros incidents : à l’été 1955, un concert de Louis Armstrong déclenche une bataille de trois jours dans les rues de Paris, en octobre 1958, le concert de Bill Haley à l’Olympia donne lieu à des débordements : des fauteuils sont détruits par centaines.


Mais c’est à l’été 1959 que la France découvre, tétanisée, les blousons noirs. Le 24 juillet, vingt-cinq jeunes de la Porte de Vanves déboulent dans le XVe arrondissement pour affronter la bande du square Saint-Lambert, vêtus de blousons de cuirs, de jeans, et armés de chaînes de vélo. Le lendemain, on se bagarre à Bandol pour une histoire de filles. Quelques jours plus tard, un policier est blessé à Cannes lors d’affrontements avec une bande de Courbevoie. L’affaire fait la Une (« Un agent de police a été sauvagement poignardé par une horde de tricheurs, de blousons noirs »). Les incidents se multiplient tellement (à la sortie de « Jailhouse Rock » en 1960, le cinéma Le Mac Mahon est littéralement pris d’assaut) que le sinistre Maurice Papon, préfet de police de Paris depuis 1958, songe très sérieusement à interdire le rock’n’roll pour préserver la « tranquillité publique ». Cette peur diffuse de la jeunesse, on la retrouve dans les reportages de l’ORTF,

Revenir en haut Aller en basDans quel contexte apparaissent les blousons noirs ?

C’est de la délinquance sur fond de rock’n’roll, de guerre d’Algérie et surtout de naissance des cités. A l’époque, face aux barres de Nanterre, La Défense est un immense terrain vague sur lequel seul le Cnit est construit. A peine sortie de terre, cette urbanisation est déjà porteuse de problèmes et provoque désœuvrement, ennui, marginalisation. Il ne fallait pas être visionnaire pour voir que ça allait être le bordel : l’environnement, c’est déjà celui de « Ma 6-t va crack-er ». Cette jeunesse ouvrière qui traîne en bas de ces grandes barres HLM nickel s’emmerde et se radicalise. Les blousons noirs terrorisent les gens, ils niquent toutes les nanas, qui toutes veulent être niquées par eux ! Ils n’ont pas de conscience politique, pas vraiment de conscience sociale non plus, ils sont dans l’énergie brute : ils foutent le bordel et c’est tout.
Quand le mouvement devient-il massif ?
Quand Hallyday débarque, en 1961. C’est un choc. Jusqu’alors, le business de la musique est aux mains de vieux qui se projettent sur les envies des jeunes et suivent les modes. On a affaire à des orchestres de bal qui jouent du twist, quelques mois plus tard ils font du cha-cha ou du calypso. Hallyday, lui, fait de la musique pour les jeunes sans une once de cynisme. Et ça, les kids, ça leur fait péter les plombs. Quand Johnny ou Vince Taylor jouent à l’Olympia au début des années 60, ils cassent tout, ça fait la Une des journaux, avec des slogans choc, ça fait flipper tout le monde car cette expression de la violence des jeunes en groupe est assez nouvelle. Les blousons noirs succèdent en quelque sorte aux apaches du début du siècle, qui eux étaient vraiment dans le banditisme. Là, ce sont des branleurs. C’est assez inédit.
C’est une esthétique aussi...
Oui, les blousons en cuir, les jeans, on est complètement dans le fantasme du motard, de « L’Equipée sauvage ». Brando, avant James Dean, devient une véritable icône de cette jeunesse. Il y a un côté désuet à les revoir aujourd’hui, un mélange de pathétique et de sublime. Le phénomène est assez européen, très présent en Suisse, en Allemagne, mais en France, c’est quelque chose de dur, le cuir, les chaînes, il y a une volonté d’effrayer le bourgeois, de faire peur, un vrai désir de choquer et de provoquer. Aux Etats-Unis, on ne trouve pas tous ces atours, tout cet apparat.
Les blousons noirs disparaissent peu à peu au cours des années 60. C’est la fin du rock’n’roll dans les cités ?
Difficile de dater la fin du mouvement, beaucoup rentrent dans le rang assez vite (selon quelques rares études, plus de la moitié des blousons noirs ont entre 14 et 17 ans, huit sur dix ont moins de vingt ans, ndlr), une petite frange tombe dans la vraie marginalité. Mais le rock ne disparaît pas pour autant du paysage banlieusard. Le rock’n’roll n’a quitté les cités qu’avec l’arrivée du rap. Jusqu’au début des année 80, tout le monde y écoute du rockabilly et du rock’n’roll, qu’on soit blanc, black ou arabe. Gene Vincent est une star des cités. D’ailleurs, ceux qui ont fondé les premiers labels de rap étaient tous d’anciens fans de rockabilly.
Quelques exemples de livres sur le sujet:
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Indonesie
 Posté le 31/08/2013 à 23:36 
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Petit astucien

{#}{#}

yves.vaissiere
 Posté le 01/09/2013 à 03:32 
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  Grand Maître astucien

Bonsoir,

le vrai titre de "La fureur de vivre", Rebel Without a Cause, (tout simplement "Rebelle sans cause", je collerais au pilori les traducteurs de titres de film ) me semble tout-à-fait significatif, typique, et explicatif de la plupart des faits de société que nous vivons et allons vivre aux niveaux national et mondial.

Pas de père à battre tant qu'il est chaud, et on se rabat sur la mère-institution ; c'est tragiquement classique.

Merci à toi Galoupia, pour ce sujet.

Mori
 Posté le 01/09/2013 à 07:14 
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Astucien

beau développement socio-historique sur une population préhistorique. {#} collector les revues. {#}

et tous ces jeunes cons sont devenus des beaufs, qui gueulent contre les jeunes qui viennent les déranger, en dégueulant comme des porcs à l'accent de Paname, que de leur temps c'était mieux et qu'ils avaient fait la vraie révolution, eux. rien de nouveau sous le soleil. que les johnny, les vartan et autres branquignols crèvent !

et pis après, on passera aux soixante-huitards... en France, la gérontocratie, y'a que ça de vrai.

au moins les punks, ils sont devenus has been très vite. je me souviens du concert du retour des sex pistols... johnny (vraiment un prénom pourri) rotten râlait parce qu'il n'y avait que des vioques.

ben ouais, on est toujours le jeune con et le vieux con de quelqu'un.

bon, ce n'est pas tout ça... mais avant de se faire opérer de la prostate, on va s'écouter quelques croulants.

http://www.youtube.com/watch?v=1Ywf0i1fI_I

http://www.youtube.com/watch?v=uB61_srv4Pk

http://www.youtube.com/watch?v=mjA3flq_i0M

http://www.youtube.com/watch?v=XTYDFBXwCtY

http://www.youtube.com/watch?v=KFkdI7jffhI

http://www.youtube.com/watch?v=LFKUW-EGaI0

http://www.youtube.com/watch?v=UoOEzZDu5dQ

http://www.youtube.com/watch?v=KP2EHGeSshw

allez ! les papys ! http://www.youtube.com/watch?v=yjLFMCj82PI

legba
 Posté le 01/09/2013 à 09:42 
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Astucien
Mori a écrit :


bon, ce n'est pas tout ça... mais avant de se faire opérer de la prostate, on va s'écouter quelques croulants.

Moi, je croule sous une pension généreuse et ma prostate attend toujours de se faire opérer.

Dans ma djeunesse, j'étais un blouson doré.

C'est dur la vie.

mchl
 Posté le 01/09/2013 à 14:37 
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  Astucien

bonjour Galoupia

bravo pour ce post ça me rapelle ma jeunesse et ma paloma flash {#}

cordialement



Modifié par mchl le 01/09/2013 14:43
TeddyBoy
 Posté le 21/06/2016 à 14:24 
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Nouvel astucien

Salut Galoupia,

Greetings from le Royaum Uni. Je trouve l'article tres interessant. J'etudie les blousons noirs, les Halbstarken allemands et les Teddy Boys anglais. Vous avez trouve plein d'articles interessants et vos interpretations m'ont donne beacoup d'idees. Avez vouz publie ailleurs? J'aimerais bien discuter par email.

Mark Fenemore, Manchester Metropolitan University.

jol60
 Posté le 21/06/2016 à 15:00 
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Petit astucien

mchl a écrit :

bonjour Galoupia

bravo pour ce post ça me rapelle ma jeunesse et ma paloma flash {#}

cordialement

J'avais pratiquement la même :) histoire de se démarquer des Flandria :)

mchl
 Posté le 21/06/2016 à 15:19 
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  Astucien

jol60 a écrit :
mchl a écrit :

bonjour Galoupia

bravo pour ce post ça me rapelle ma jeunesse et ma paloma flash {#}

cordialement

J'avais pratiquement la même :) histoire de se démarquer des Flandria :)

Bonjour

La flandria (jaune puis ensuite rouge est apparue bien après les paloma flash

il y avait aussi italjet itom kreider malaguti

https://fr.pinterest.com/westfalia/fifty-cc/

jujube2
 Posté le 21/06/2016 à 15:30 
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  Maître astucien

très intéressant et pas trop de trucs à jeter ! souvenirs, souvenirs .>>> . .pas mal non plus

Rogerd
 Posté le 21/06/2016 à 17:02 
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Petit astucien

Tiens, mes jeunes années !!!

Ma culture à moi, ce n'était ni le blouson noir, ni le blouson doré.

Dans le midi, un blouson ça ne s'imposait pas.

Mais comme c'était une époque sympa, j'ai eu mon blouson, kaki.

Et j'ai eu aussi la chemise, le pantalon et les chaussettes assorties.

Clikbill
 Posté le 21/06/2016 à 18:57 
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  Astucien

Bonsoir,

Rogerd,

Moi aussi, j'ai eu mon blouson, kaki avec la chemise, le pantalon et les chaussettes assorties et même le calcif.

Rogerd
 Posté le 21/06/2016 à 19:48 
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Petit astucien

clickbill

Gégébar
 Posté le 22/06/2016 à 23:46 
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Astucien

Bonsoir tlm,

Moi, c'était une FN 250cc OHV à suspension totale, fabriquée à Herstal (Belgique)

zwaartepiet
 Posté le 28/06/2016 à 02:52 
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Petit astucien

pour l'heure sur FR3 doc sur les blousons noirs en France

Clikbill
 Posté le 28/06/2016 à 12:39 
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  Astucien

Bonjour,

zwaartepiet,

Semblerait, qu'a trois heure du matin, les blousons noirs "de l'époque" faisait dodo

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