Tous menteurs ou omission de la vérité ??? (De gauche comme de droite ....
)
Libé essaye de rétablir, avec son prisme, quelques annonces faites avec fracas par nos chers (a tous les sens du terme) hommes politiques.
«Si nous n’avions pas fait en 2010 la réforme, c’est 35 milliards d’euros, en 2012, que nous aurions comme déficit sur notre dispositif de retraites. Nous avons eu le courage de mener cette réforme.»
Nadine Morano le 14 décembre à l'Assemblée nationale
On pouvait s’y attendre. Depuis l’annonce de François Hollande de ne pas rétablir l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans, la droite se déchaîne, ravie de dénoncer le revirement du candidat socialiste. A l’Assemblée nationale, le 14 décembre, Nadine Morano a moqué la marche arrière de Hollande, tout en pointant le fait que la mesure qu’il propose (départ en retraite pour les salariés ayant commencé à 18 ans et cotisé toutes leurs annuités) coûterait 20 milliards d’euros pour les cinq ans à venir. En contrepoint de quoi la ministre en charge de l’Apprentissage a vanté la réforme du gouvernement : «Si nous n’avions pas fait en 2010 la réforme, c’est 35 milliards d’euros, en 2012, que nous aurions comme déficit sur notre dispositif de retraites. Nous avons eu le courage de mener cette réforme.»
Un auditeur distrait pourrait comprendre, après écoute de la déclaration de Nadine Morano, que la réforme a permis de gommer le déficit de 35 milliards d’euros dès 2012. Il n’en est rien. Si les projections faisaient bien état, avant réforme, d’un déficit de 35 milliards d’euros pour 2012, la réforme ne permettra d’en effacer qu’un gros quart à cette échéance, ce que Morano néglige de préciser. Reportons-nous aux documents de référence qui avaient été communiqués à l’époque du projet : on y constate que les mesures d’âge (le report progressif de l’âge légal à 62 ans) devaient permettre d’économiser 5 milliards en 2012. Les autres mesures (contribution des revenus du capital, des hauts revenus et taxes sur les entreprises) devaient rapporter 4,6 milliards d’euros supplémentaires. Il reste donc 26 milliards d’euros. Même si le chiffrage du gouvernement affiche, lui, un déficit réduit à… 10,6 milliards d’euros pour 2012. Par quel miracle 15 milliards ont ainsi été gommés ? C’est là une des subtilités de ce texte : une bonne part du déficit n’a pas réellement vocation à être effacée, même si la réforme prétend aboutir à un équilibre des comptes en 2018. Une grande partie du trou, correspondant au régime de retraite des fonctionnaires, n’a disparu que par un effet d’affichage, étant couvert par une participation de l’Etat. Si l’on regarde le détail de la réforme entre 2011 et 2018, on voit ainsi chaque année une ligne intitulée «effort de l’Etat», et une coquette somme y correspondant : 15,6 milliards d’euros. Ce montant est comptabilisé dans les nouvelles recettes, au même titre par exemple que les mesures d’âge ou les nouvelles recettes fiscales. C’est en tenant compte de cet effort - qui n’est en réalité que du déficit - que le gouvernement prévoit d’équilibrer les comptes à l’horizon 2018. A cette date, les mesures d’âge devraient rapporter 18,6 milliards d’euros, les autres mesures environ 8,5 milliards. L’effort de l’Etat sera, lui, toujours porté à 15,6 milliards. Le tout permettant de faire face à un déficit prévu de 43 milliards. Mais un tiers de ce déficit n’aura donc pas été véritablement effacé. Sauf dans les discours.
a+